Une question se pose dans le dernier virage du processus de formation du gouvernement : celle de l’éventuelle participation du parti Au Cœur de la Tunisie au prochain gouvernement. Verra-t-on une nouvelle équipe gouvernementale composée essentiellement d’Ennahdha, d’Attayer et de Au Cœur de la Tunisie ? Ou se dirige-t-on vers une large coalition gouvernementale incluant Ennahdha, Attayar, Echaâb, Tahya Tounès et la coalition Al-Karama ?
Alors que l’annonce de la composition du nouveau gouvernement ne devrait plus tarder, les rebondissements, les discussions et compromis de dernière minute commencent à se manifester et l’ultime scénario prend forme. Le dernier virage de ce long processus de formation du gouvernement a été marqué par un nouveau rapprochement entre le chef du gouvernement, Habib Jemli, et les dirigeants du Courant Démocratique (Attayar) qui avaient pourtant annoncé leur retrait des négociations autour de la formation du gouvernement. Ce rapprochement est le fruit d’une nouvelle proposition présentée par le mouvement Ennahdha au Courant Démocratique incluant de nouvelles concessions pour participer au prochain gouvernement.
C’est en tout cas ce qu’a confirmé Attayar dans un communiqué rendu public dans lequel il annonce avoir reçu une nouvelle « offre » pour réintégrer, de nouveau, ces concertations. « Le bureau politique du parti est en réunion (lundi soir) pour étudier la proposition et prendre une décision, soit par refus conformément à la décision du conseil national, soit en l’acceptant en principe, tout en appelant à une réunion extraordinaire du Conseil national », a indiqué le parti dans un communiqué.
Attayar affirme dans ce sens que « suite à l’annonce par le parti de son retrait des négociations de formation du gouvernement, certains militants politiques amis du Mouvement démocratique ont appelé à des réunions informelles et amicales pour rapprocher les points de vue des représentants de certains partis ». Ces amis du parti ne sont autres que les dirigeants d’Ennahdha, qui auraient trouvé un accord avec le parti de Mohamed Abbou pour participer à ce gouvernement, mais notamment appuyer sa composition et assurer une majorité parlementaire en sa faveur.
Même si le parti justifie cet éventuel retour aux négociations par « la situation dans le pays qui ne peut plus supporter plus de circonspection », la nouvelle offre politique d’Ennahdha aurait, en effet, convaincu les dirigeants d’Attayar. En vertu de cet accord fort probable, le Courant démocratique aura deux portefeuilles ministériels, celui de la Justice et celui des Grandes réformes, en plus de l’intégration de certaines administrations et de services sécuritaires dans ces deux ministères, outre sa participation au choix du nouveau ministre de l’Intérieur.
En tout cas, après avoir annoncé que son parti ne participera pas au prochain gouvernement, Mohamed Abbou a relativement assoupli ses positions et a laissé la porte ouverte à son retour aux négociations et même à la participation à un gouvernement incluant le parti Au Cœur de la Tunisie. En effet, il y a quelques jours, Abbou a assuré que « si Attayar recevait une nouvelle proposition de rejoindre le gouvernement, il l’étudierait ». Il a précisé que «si le Courant Démocratique rejoint le gouvernement sur la base des conditions qu’il avait posées, il ne soulèvera pas de réserve sur la présence de tout parti politique, tant qu’il n’échappera pas à l’application de la loi ».
Quelle position pour Echaâb ?
Cet éventuel retour d’Attayar aux cercles des négociations autour de la formation du gouvernement qui devra se confirmer à l’issue de la réunion de son conseil national sera-t-il synonyme de la réintégration du Mouvement du Peuple (Echaâb) dans ce processus ? En effet, les deux partis politiques ont montré une large entente politique après les résultats des élections législatives, annonçant même avoir constitué un seul bloc parlementaire réunissant leurs députés.
Ces deux partis ont également annoncé, il y a dix jours, leur retrait officiel des négociations sur la formation du gouvernement suite au blocage des pourparlers avec le chef du gouvernement désigné à qui on reproche un manque d’innovation et une absence de vision claire et de programme politique bâti sur l’intérêt de la nation. C’est en tout cas ce qu’a confirmé le parti Echaâb qui a largement critiqué l’approche adoptée par le chef du gouvernement désigné pour la formation de son gouvernement, en raison notamment « de sa stratégie et sa conception de la prochaine étape et des problèmes dont souffre le pays ».
Maintenant quelle position adoptera le Mouvement du Peuple face à ce nouveau rapprochement entre Attayar et Jemli ? Va-t-il emboîter le pas au parti de Mohamed Abbou et réintégrer les négociations marathoniennes ? En tout cas, jusqu’à la rédaction de ces lignes, les dirigeants d’Echaâb ont préféré opter pour le silence et suivre le développement de la situation.
Une autre question se pose également dans le dernier virage de ce processus de formation du gouvernement, celle de l’éventuelle participation du parti Au Cœur de la Tunisie dans le prochain gouvernement. Va-t-on voir une nouvelle équipe gouvernementale composée essentiellement d’Ennahdha, d’Attayer et de Au Cœur de la Tunisie ? Ou se dirigeons-nous vers une large coalition gouvernementale incluant Ennahdha, Attayar, Echaâb, Tahya Tounès et la Coalition Al-Karama ?
Des questions qui se posent aujourd’hui alors qu’Habib Jemli peine à garantir une large ceinture politique à son futur gouvernement.